La Bretagne : un marché lucratif pour les professionnels du cannabidiol (CBD)

Avec un peu plus de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires, le marché breton du cannabidiol fait preuve d’un dynamisme étonnant. Extraite de la plante Cannabis L. Sativa, cette molécule non psychotrope et non addictive s’impose en vedette incontestée de la filière du bien-être, en Bretagne mais pas seulement.

En Bretagne, le CBD a largement trouvé son public

Les investisseurs et entrepreneurs qui souhaitaient se lancer dans le marché du cannabidiol ont souvent déploré l’absence d’études de marché et de chiffres sur l’ampleur de l’offre et de la demande. C’est sans doute ce qui a poussé l’Interprofession des métiers du chanvre (Interchanvre) à lancer la première étude en ce sens qui a permis de dresser un état des lieux très intéressant. En Bretagne, le marché des produits du cannabidiol est estimé à environ 50 millions d’euros, soit 5 % du chiffre d’affaires global de la filière française.

La performance est impressionnante, mais elle s’explique aisément : la Bretagne est tout simplement la première région productrice de chanvre en Europe, avec 90 producteurs. La demande soutenue et les perspectives du marché ont stimulé l’offre. En 2020 (derniers chiffres en date), la Bretagne comptait 109 boutiques pour 3,3 millions d’habitants. Dans le détail :

  • 35 boutiques spécialisées dans les produits de cannabidiol dans le Morbihan et en Ille-et-Vilaine ;
  • 23 magasins de CBD dans le Finistère (et 10 producteurs de chanvre) ;
  • 16 boutiques de CBD dans les Côtes d’Armor.

En nombre de boutiques spécialisées dans le CBD, la Bretagne occupe la 4e place au niveau national derrière la Provence Alpes Côte d’Azur (282 boutiques), la Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie… un podium résolument tourné vers le Sud. Le dynamisme du marché breton du CBD se calque avec celui de la filière à l’échelle nationale.

Malgré l’incertitude juridique, le CBD fait des émules en France

Toujours selon les données de l’Interchanvre, le marché français du CBD serait porté par quelque 7 millions de consommateurs réguliers ou occasionnels, soit environ 12 % de la population nationale. Si le chiffre peut surprendre, il reste en-deçà de la moyenne des pays de l’Union européenne estimée à 16 % de la population.

Plébiscité pour ses effets calmants et apaisants, ses propriétés anti-inflammatoires et ses vertus antalgiques, le cannabidiol est désormais commercialisé par les grandes surfaces comme Carrefour, E. Leclerc et surtout Monoprix (qui a ouvert 250 espaces CBD en 2022)… des points de vente qui viennent concurrencer les 3 700 magasins physiques (selon les chiffres du journal Les Echos), les nombreuses boutiques en ligne comme Pro 4 You CBD (https://pro4you-cbd.com/fr/) et les parapharmacies.

Plusieurs raisons expliquent l’engouement des Français pour le cannabidiol :

  • La position de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) via son comité d’experts. Extrait : « le CBD ne semble pas présenter de potentiel d’abus ou de nocivité pour la santé» ;
  • Les conclusions prometteuses des nombreuses études scientifiques sur le potentiel thérapeutique du CBD, dont une expérimentation d’envergure menée par le ministère de la Santé et des Solidarités depuis mars 2021 (attention : les doses thérapeutiques sont plusieurs fois supérieures aux concentrations que l’on retrouve dans les produits du commerce) ;
  • L’effort de pédagogie des professionnels de la filière pour lever les idées reçues sur la molécule. En février 2022, Monoprix a par exemple fait circuler un « CBD Truck » en région parisienne pour informer les consommateurs ;
  • La France est, de loin, le premier producteur européen de chanvre cultivé, matière première dont est extrait le CBD. L’Hexagone accapare en effet 60 % de la production européenne, ce qui permet une abondance de la matière première et un approvisionnement continu pour les professionnels ;
  • Comme l’explique le baromètre du sommeil de Santé Publique France, les Français n’ont jamais aussi mal dormi, ce qui fait l’affaire des professionnels de la molécule. Le CBD est en effet largement utilisé pour soulager le stress et l’anxiété et favoriser un endormissement rapide.

Malgré ce macroenvironnement relativement favorable, la filière du CBD souffre d’une incertitude juridique latente qui ne permet pas aux professionnels de se projeter. Les feuilles et fleurs de CBD, qui constituent jusqu’à 70 % du chiffre d’affaires de certains magasins, avaient été interdites à la vente le 30 décembre 2021 par un arrêté ministériel. Ce dernier sera par la suite provisoirement suspendu par le Conseil d’Etat. Les professionnels attendent toujours une décision de fond sur le sujet.

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